Herma “Le Mans”, la montre du Roi René !

Cocorico ! Aujourd’hui nous allons parler d’une marque française et surtout d’un Chronographe qui nous renvoie directement vers le monde automobile : la Herma “Le Mans”. Vous ne rêvez pas, il existe bel et bien une montre avec la dénomination “Le Mans” avec tout ce que cela peut représenter pour tous les amateurs de course automobile.

Tout le monde connaît la très célèbre Tag Heuer Monaco. Ce chronographe légendaire, rendu célèbre par Steve McQueen dans un certain film intitulé “Le Mans”. Oui, l’inverse aurait été plus logique. Une “Le Mans” sur le circuit du Mans, mais l’histoire en a voulu autrement. La Herma “Le Mans” est bien moins célèbre et pourtant …

René Trautmann dit le “Roi René”

René Trautmann devant sa DS 21 et avec au poignet une Herma Le Mans

René Trautmann était un pilote professionnel de rallye français. Il fut notamment champion de France des rallyes (Tourisme) en 1963, et deux fois vainqueur du Tour de Corse en 1961 et 1963, sur Citroën DS. Il a remporté également en 1970 une étape du marathon “Londres-Mexico” auquel il participe avec comme partenaire Herma. Il porte évidemment le modèle “Le Mans” lors de ce rallye. La montre était considérée très  robuste face aux chocs et aux intempéries et efficace en terme de chronographe.

La DS 21 de René Trautmann lors du marathon Londres – Mexico
On aperçoit le logo Herma et un dessin d’une “Le Mans” sur le capot

Herma

La maison horlogère Herma fût créée en 1947, par les Frères Anguenot, horlogers de pères en fils (esprit Dad & Will of course).  Le siège ainsi que les ateliers d’Herma étaient situés à Villers-le-Lac, ville voisine de Morteau dans le Doubs, berceau de l’Horlogerie Française.

Ancienne publicité des Montres Herma

Herma n’a pas rencontré le même succès que certaines autres marques françaises, Lip ou Yema par exemple. Sûrement ce qui lui vaut d’ailleurs sa sous-valorisation actuelle sur le marché des montres vintages. Encore méconnue auprès des collectionneurs, c’est certainement le moment pour en profiter, les bonnes affaires sont encore envisageables.

Herma produisait des montres dites “classiques” mais également des montres “techniques” destinées aux 4 domaines spécifiques souvent liés aux montres. Les modèles “Les Glénans” pour les sports de voile, les modèles “Calypso” pour les sports de plongée, les “ Le Bourget” pour l’aviation et enfin les “Le Mans” pour les sports mécaniques.

Publicité Herma ou l’on retrouve les 4 familles de montres techniques

Inévitablement, suite à la crise horlogère de début 70 et à l’arrivée du quartz par la suite, la société Herma disparaît en 1980.

Aujourd’hui, on trouve encore facilement des modèles “classiques” sur le marché de l’occasion mais beaucoup plus difficilement les modèles “techniques” qui restent quasiment introuvables pour certains. Je n’ai à ce jour, jamais vu de modèle “Les Glénans” par exemple, à mon plus grand regret d’ailleurs.

Le modèle Herma “Le Mans”

Herma Le Mans, à côté des vieilles lunettes de moto Climax de mon père.
Il ne les met plus, le cuir vieilli lui laisse des traces noires sur le visage sous la pluie et les verres ne sont pas correcteurs 😉

Je ne vous le cache pas, ce qui m’a d’abord attiré en tant que collectionneur, c’est sa mention “Le Mans” sur son cadran à 6 heures. L’aspect général de la montre, très seventies, m’a ensuite convaincu et m’a donné l’envie de me mettre à la recherche de l’un de ces modèles qui à vu le jour au début des années 1970.

Le modèle Herma “Le Mans” se décline en plusieurs versions de cadrans avec différents coloris, de quoi satisfaire les goûts de chacun. Ci-dessous, une publicité Herma avec 4 variantes présentées et notamment une version en plaqué or. Il en existe d’autres dont une version avec un cadran couleur champagne ou encore une autre avec un boîtier en PVD noir.

Sur le cliché de René Trautmann devant sa DS, on semble distinguer le cadran Panda blanc à compteurs noirs.

Variations de cadrans Herma “Le Mans”

Son boîtier

Il a la particularité d’être de grande taille, 42 mm, ce qui n’était pas courant dans les années 70 et cela viendra contenter les gros poignets ou les amateurs de grosses tocantes. Ce n’est pas mon cas, préférant largement les “petites tailles” mais pour ce modèle et pour d’autres, je sais faire exception.

Le boitier est de forme “presque” carré, puisqu’il est légèrement arrondi sur les côtés, ce qui lui donne un look très distinctif. De plus, le boîtier comporte un soleillage tout autour du cadran avec un léger angle pour l’affiner.

Détail qui à son importance, le boitier est malheureusement en laiton rhodié et non en acier. Ce qui présente le désavantage de moins bien vieillir et surtout aucune possibilité de le polir pour lui rendre une seconde jeunesse. Mais quoi de mieux que de laisser les traces de vie et du temps sur sa montre vintage…

Attention, pour ceux qui souhaiteraient se mettre à la recherche de l’un de ces modèles, on trouve très souvent des ré-emboîtages de cadrans dans des boitiers qui ne correspondent pas avec ceux d’origine.

Son cadran

Deux sous compteurs rectangulaires à bords arrondis, typiques des années 70 sont visibles sur d’autres chronographes de cette époque (Heuer, Breitling par exemple).

On trouve des index “bâtons” en relief, typiques encore des années 70 avec une matière luminescente qui patine avec le temps.

Un contour de cadran en damier vient accentuer le côté sport auto et un réhaut en échelle tachymétrique permet de calculer sa vitesse moyenne sur une distance donnée.

Les aiguilles sont très épaisses avec des trotteuses de couleur orange ou rouge selon les cadrans.

Son mouvement

C’est un ETA Valjoux (Suisse) 7733 (sans date) ou 7734 pour les versions avec date qui fait évidemment bien son job et qui était très utilisé à cette époque par de nombreuses marques horlogères.

Chronographe à came – Compteur des minutes – Remontage manuel

Le Valjoux 7733 est une évolution du 7730, lui même étant la variante Valjoux du Vénus 188.

Herma “Le Mans”

Il m’aura fallu un peu de patience avant de trouver ce modèle, mais c’est aussi ça le plaisir de dénicher son futur garde-temps. La cadran est noir à compteur rouge, celui de la publicité Herma. Ce n’était pourtant pas mon choix de départ mais le modèle me plaisait beaucoup et a fini par me séduire. Deux cadrans me laissent encore envieux, le cadran champagne soleillé ainsi que le bleu à compteurs blanc, qui pour le coup rappelle vraiment la Tag Heuer Monaco. J’ai eu l’opportunité d’acheter la mienne pour une poignée de cerises. Il faut compter aujourd’hui à peu près entre 400 et 500 euros pour en acquérir une. Une bonne affaire n’est pas à exclure évidemment. Ceci étant, cela reste tout de même très accessible pour une montre de collection qui devrait à coup sûr prendre encore un peu de valeur dans les années à venir.