Le Mans Classic, c’est tous les 2 ans et c’est organisé par la société SAVH détenue par Peter Auto, une agence d’organisation d’événements automobiles créée par Patrick Peter, et par l’ACO (Automobile Club de l’Ouest). Comme indiqué sur cette affiche géante, il s’agit bien de perpétuer l’héritage que nous ont laissé tous les anciens qui ont aligné ces voitures en course depuis plus d’un siècle.
La manifestation a réuni cette année plus de 238000 spectateurs sur 4 jours du 3 au 6 juillet 2025, avec plus de 700 voitures participant aux compétitions et celles participant aux parades. Il y avait 6 plateaux par années, plus des courses support et plusieurs parades (Ferrari, BMW, Porsche, clubs).
- Plateau 1 : 1923-1939. Certaines autos approchent le siècle. Les vedettes sont les imposantes Bentley à compresseur. On y voit les frêles Bugatti. Les suspensions sont à lames, les amortisseurs à friction, les freins à tambours et pas forcément sur toutes les roues, les ponts rigides, les tenues de route très aléatoires …
- Plateau 2 : 1949-1956. Talbot, Mercedes, Jaguar, Ferrari, Delahaye, Panhard, Monopole, DB …
- Plateau 3 : 1957-1961. C’est l’ère Ferrari, brièvement interrompue par Aston Martin.
- Plateau 4 : 1962-1965. Ferrari encore, Ford débute …
- Plateau 5 : 1966-1971. Le moteur central s’est imposé. Ford bat Ferrari, puis Porsche arrive.
- Plateau 6 : 1972-1981. Ford encore, Matra, Alpine, Porsche …
Les courses support :
- Endurance Racing Legends : GT et prototypes des années 90 et 2000 avec Aston Martin DBR9 (2005), Bentley Speed 8 (2003), Cadillac Northstar LMP-01 (2000), Dodge Viper GTS/R (2002), Ferrari 333 SP (1999), Ferrari 550 Maranello Prodrive (2002), Lola-MG EX257 (2004), Lotus Elise GT1 (1996), Maserati MC 12 GT1 (2005), Panoz Esperante GTR1 (1997)…
- Groupe C Racing : prototypes 1982-1993 avec Porsche 956 et Lancia, Jaguar, Mercedes, Toyota, Nissan et Mazda et des artisans comme Cougar, Dome, Rondeau, Spice ou WM …
- Porsche Classic Race Le Mans : 70 Porsche de course de 1965 à 1981, depuis les premières 911 proches de la série aux 935 de 800 chevaux (Kremer …).
- Little Big Mans : c’est pour les enfants !
Et bien sûr il y avait plusieurs dizaines de milliers de voitures de sport et de collection de toutes époques venues par la route. Vous ne verriez certains modèles rarissimes qu’une fois dans votre vie alors que là, il peut y en avoir une dizaine d’un coup ! Les clubs les plus fournis : Porsche, BMW, Aston Martin, Ferrari, Maserati, Alfa-Roméo, Lotus, VW coccinelles, combis et buggys,.. Mais aussi des raretés comme Bentley, Lagonda, Bugatti, Delahaye, Facel-Vega, KTM, Hommel et ses barquettes Échappement, Venturi, Panhard, des autocars d’époque … Ces voitures font partie du spectacle et j’ai vu des spotters installés à l’extérieur du circuit et qui donc ne payent pas d’entrée mais sont là uniquement pour voir les voitures de collection qui entrent ou sortent du circuit. Je vous propose un premier diaporama d’une centaine de voitures aperçues dans les clubs. Certaines photos ont été faites tôt le matin et ne reflètent pas du tout l’affluence du public et le remplissage des parkings :
Admirez en particulier cette Lamborghini Miura avec les carburateurs de son V12 transversal juste dans les oreilles des passagers !
Cette abondance traduit bien l’engouement du public pour les voitures thermiques, n’en déplaise aux zécolos bas du plafond et à nos gouvernants qui rêvent de nous mettre à l’électrique pour mieux limiter nos déplacements et donc nos libertés, mieux nous contrôler avec des voitures connectées et davantage nous taxer via les recharges par compteur Linky ou par des bornes d’autoroute hors de prix. Tout ça sous prétexte de réchauffement climatique alors qu’on a connu bien des canicules par le passé, que la MAJORITÉ des pays du monde s’en fout complètement et que le niveau de la mer est toujours le même depuis des décennies de Dunkerque à Menton …

Il y a un tas d’animations diverses dans ce barnum géant avec des expos spécifiques, de nombreux stands de restauration et buvettes pris d’assaut, et de très nombreux stands marchands. Cette année, il y avait même une scène de concert qui remplaçait l’immense parking des clubs Porsche dont je n’ai pas vu où ils étaient logés. Des petits trains bondés circulent pour vous emmener vous ne savez pas où, montez, vous verrez bien. Il y a quelques plans de situation, quelques toilettes pas toujours approvisionnées en papier, très peu de poubelles et encore moins de points d’eau, et aucun point de recharge de téléphone portable.
La circulation est difficile et incessante entre les voitures de course qui entrent ou sortent des paddocks, toute leur logistique pneus batteries et outils qui suit sur des remorques tirées par des quads, des véhicules de service ou prioritaires, les mécanos en vélo, trottinette ou scooter, des pompiers, des ambulances, des gendarmes à moustache en costume d’époque sur de vieilles BMW, des gens, etc.

La faute aussi à des infrastructures insuffisantes : mettre une passerelle piétons où on ne passe que 2 par 2 pour franchir une voie engendre des queues de 15 minutes et plus par moments …
Plus de 220 clubs de marque ou multi marques étaient recensés, certains spécialisés sur un seul modèle d’une marque donnée ! La majorité des clubs ou en tout cas les plus prestigieux (ceux qui payent le plus…) étaient répartis au propre tout autour du circuit Bugatti. Cela permet de belles photos colorées avec les vibreurs jaunes et bleus et certains clubs montent des barnums avec de la restauration pour leurs membres. Je me suis beaucoup attardé aux clubs Facel Vega et BMW bien placés avec mes compagnons de voyage qui en sont membres, Facel près de la chicane et passerelle Dunlop, BMW près de la mise en grille. J’ai pu ainsi assister aux retours de parades et aux mises en grille de différentes courses. Les voitures passent au ralenti au milieu du public.
Les autres clubs moins bien nantis sont répartis un peu partout, parfois éloignés à l’extérieur de l’enceinte, dans des parkings poussiéreux (ou boueux s’il pleut). Un bon plan consisterait à garer sa voiture sur son parking club pour plusieurs jours et à regagner son hôtel au Mans par le tramway. Mais vous la retrouvez couverte de poussière. Notre groupe était logé chez l’habitant à Mulsanne et on se rendait au circuit chaque matin avant 8 heures pour éviter les files d’attente.
Les paddocks
700 voitures engagées dans les différentes séries ! Il est impossible de leur allouer un box sur la ligne de départ aussi l’organisateur a installé des villages de tentes un peu partout et il fallait un billet spécifique pour les visiter. Celles que j’ai préférées :
Les parades
Elles permettent aux non licenciés de rouler derrière pace car sur le grand circuit des 24 heures du Mans, notamment sur la ligne droite des Hunaudières et ses chicanes, les virages de Mulsanne, Indianapolis et Arnage habituellement ouverts à la circulation. Il faut juste être casqué, bras et jambes couverts.
Passage de la parade BMW à Mulsanne dimanche matin. J’ai zoomé sur deux rarissimes BMW 1600 GT Frua dont l’une a fait cet article : BMW 1600 GT : une allemande dans une robe italienne.
Lorsqu’elles terminent leurs tours, les parades sortent et rejoignent le public au ralenti sur le circuit Bugatti, ce qui permet de les voir rouler et de les entendre de près :
J’ai participé à une parade en 2023 sur une Maserati 4200 GT. Les départs se font par groupes et le jeu consiste à se sortir rapidement de son groupe pour trouver piste libre avant de rattraper le groupe précédent en faisant attention aux touristes qui font n’importe quoi et ne s’attendent pas à vous voir débouler derrière. En fait c’est plus à prendre en mode balade, mais moi, on me met sur un circuit, j’appuie !
Le Petit Le Mans
Les petites répliques de bolides ont leur propre paddock. Le départ se fait devant les tribunes puis les petites autos et leurs jeunes pilotes empruntent le circuit Bugatti au milieu du public. On y voit de plus en plus de belles et coûteuses reproductions à l’échelle de voitures de course et certaines ont des chevaux …
Les expos
Il y a des expos spécifiques un peu partout. Une expo organisée par l’ACO d’anciennes voitures des 24h trop récentes pour participer aux plateaux, une expo McLaren, Audi, Zagato, un char d’assaut, des tracteurs, cette incroyable moto Brough Superior, ré-incarnation d’une vieille marque disparue, ou cette pauvre épave de 2CV …
Comparez cette McLaren M7A de Formule 1 de 1972 à moteur V8 Ford Cosworth avec cette Crossle dont je disposais lors d’un stage de pilotage à la Classic Racing School, qui avait son stand ici :
Je vous ai trouvé sur YouTube quelques vidéos permettant de revivre l’ambiance de ce Le Mans Classic. Admirez le départ de la Bizzarini dans cet extrait des meilleurs moments du Mans Classic 2025 :
Revivez une série de l’intérieur, depuis cette Ferrari 312P de 1972 dont le V12 3 litres chante particulièrement haut et qui dépose tout le monde … sauf une Ferrari 512 !
Dimanche matin à Mulsanne sous la pluie, lors du premier tour d’une série avec le freinage au bout des Hunaudières :
Quelques conseils si vous n’êtes jamais venus : Le Mans Classic, c’est une épreuve physique pour les spectateurs, j’ai marché 15 km par jour, parfois sous une chaleur écrasante, et il y a du relief. À éviter avec femme et enfants en bas âge sauf à transporter une impressionnante logistique sur votre dos et à vous armer de patience. Une trottinette électrique portable équipée d’un petit panier est un vrai plus si vous avez la place dans votre coffre.
Si vous n’avez pas de place en tribune, prévoir chapeau, crème solaire, parasol et tabouret pour s’assoir ou pour voir par dessus les autres, ou bien la panoplie anti-pluie selon la météo. L’organisateur conseille un certain dress code mais il n’est guère appliqué, on n’est pas à Goodwood. Donc si il fait chaud comme cette année vous serez plus à l’aise en short et t-shirt. Il y a très peu d’ombre dans l’enceinte du circuit. Les rares parasols ou tentes installés par l’organisateur sont très insuffisants. Mais si vous pouvez vous habiller d’époque en vous changeant et en vous rafraîchissant facilement, faites-le !
La visibilité est bonne tout autour du circuit et je vous conseille de vous déplacer et d’essayer les enceintes des virages de Mulsanne et d’Arnage, beaucoup moins fréquentées. De samedi à dimanche ça roule toute la nuit et pour ma part j’ai visité l’enceinte de Mulsanne le samedi soir jusqu’à minuit et le dimanche matin sous la pluie. Le Mans est un circuit très long et piégeux, mal éclairé dans les portions routières, à la météo changeante d’un virage à l’autre, et il peut y avoir du spectacle comme ces 3 voitures en tête à queue en même temps à Mulsanne samedi soir, heureusement sans rien toucher.
Les hauts talus du côté des esses du tertre rouge offrent aussi une vue dégagée sur plusieurs centaines de mètres sur une partie du circuit permanente, mais il n’y a aucune ombre. Comme c’est bien éclairé, c’est un bon spot nocturne.
Vue d’une manche du plateau 6, le plus beau, dimanche matin à Mulsanne : Ferrari 512 et 312P, Ford GT40, Daytona, Corvette, Lola T70, Chevron …
Les villages environnant le circuit sont pavoisés, il y a de l’ambiance le soir dans certains et on ressent un vrai soutien de la population locale qui doit pourtant supporter des nuits bruyantes (et des jours) lors des courses auto et moto organisées ici. Sur la route on croise partout des voitures de collection et tout ça est très sympathique. Nous sommes arrivés le jeudi et le circuit n’étant pas encore fermé, c’est une occasion de parcourir les Hunaudières et l’impressionnant virage d’Indianapolis.
Les relations sont devenues difficiles avec l’organisateur, mon club Sport-Auto avait renoncé cette année. Il faut s’y pendre très longtemps à l’avance pour obtenir des accès tribunes ou rentrer des voitures. Il semble que Peter Auto a touché la poule aux œufs d’or, ne fait pas beaucoup d’efforts pour le confort des spectateurs et faciliter les accès et tout est question de fric, pour les participants et exposants aussi.
À partir de l’an prochain, l’événement devient annuel par tranche d’âge des voitures. Rendez-vous du 2 au 5 juillet 2026 pour Le Mans Classic Legend avec des autos de 1976 à 2015.