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L’automobile (et la moto) sont aujourd’hui l’objet de toutes les critiques et seraient la source de tous nos maux aux yeux d’écolos des villes bas du plafond. On veut nous en priver et donc nous priver d’une liberté essentielle, afin de toujours mieux nous contrôler et nous taxer. On oublie qu’elle a été un formidable vecteur d’émancipation et d’indépendance et qu’elle représente encore aujourd’hui des millions d’emplois.

Cette sélection de 21 films  met en scène des voitures et motos mythiques et on vous en présente ici un florilège. Alors installez-vous confortablement, vous avez plus d’une heure d’extraits qui ne manqueront pas de vous donner envie de voir ou revoir ces films tous devenus cultes, car on en rajoutera régulièrement comme aujourd’hui Ferrari. J’ai également rajouté quelques secrets de tournage sur Grand Prix.

Et vous verrez que ce ne sont pas forcément les plus belles ou les plus rapides qui suscitent le plus d’émotions …


Ferrari

On peut écrire le synopsis de ce film sorti sur Prime Video en 2024, sans même parler de voitures.

En 1957, un industriel est à la croisée des chemins :

  • économique : son entreprise est au bord de la faillite, il doit augmenter sa production et trouver des partenaires,
  • technique : il s’obstine dans des concepts dépassés face à la concurrence qui ne manque pas d’imagination et d’innovation,
  • sentimental : entre sa femme qui est aussi son associée, dont il a eu un fils, Dino, mort de maladie l’année d’avant à 24 ans, et sa maîtresse dont il a un jeune fils Piero. Quel nom portera le jeune Piero, celui de son père ou celui de sa mère ?

Car ce film est avant tout un coup de projecteur sur un bout de trajectoire d’Enzo Ferrari à une époque où tout ne vas pas pour le mieux pour lui et sa marque. Il ne produit pas assez pour payer le service courses et doit nouer un partenariat avec un grand constructeur qui s’occupera de la production, lui gardant la main sur la compétition. Ford ou Fiat ? Ses voitures de course sont rattrapées par la concurrence car il s’obstine avec une architecture à moteur avant face aux anglais ou allemands qui adoptent le moteur central et Jaguar vient de gagner les 24H du Mans grâce aux freins à disque. Ses pilotes se tuent sur ses voitures et il a une réputation de faiseur de veuves renforcée par le fait qu’après avoir perdu des amis en course il s’est bâti un mur d’indifférence. Un pilote mort le dimanche est remplacé par un autre dès le lundi, ce dont va bénéficier le coureur De Portago. Et voilà que son épouse Paula découvre sa liaison et son fils caché avec Lina Lardi. Le petit Piero (aujourd’hui âgé de 78 ans et vice-président de Ferrari)  s’appellera-t-il Lardi ou Ferrari ?

L’action se déroule dans le contexte d’une rivalité avec la marque concurrente Maserati à l’occasion des Mille Miglia 1957 qui vont se terminer tragiquement, ce qui marque la fin de cette épreuve mythique courue sur routes ouvertes de 1927 à 1957 entre Brescia, Rome et Brescia.

On retiendra entre autres cette scène d’anthologie : L’équipe Maserati est au circuit de Modène pour battre le record du tour de Ferrari avec sa 250F. Un starter marque le départ et l’arrivée du tour au pistolet. Pendant ce temps l’équipe Ferrari est à la messe dominicale mais entend le coup de pistolet initial. Les ingénieurs sortent discrètement les chronos de leurs poches et attendent le 2ème coup pour apprendre que le record est battu…

Les voitures du film

La Maserati 250F de Formule 1 est opposée à la Ferrari D50/801 en essais à Modène. Aux Mille Miglia, Maserati court avec des 350S tandis que Ferrari engage 5 voitures 335S, 315S et 250GT LWB Scaglietti. La plupart de ces autos inestimables sont remplacées par des répliques dans le film.

La voiture de Paula conduite par son chauffeur est une Alfa-Roméo Giulietta 1959. Enzo conduit une … Peugeot 403 1956 ! En effet à cette époque il appréciait les accélérations au feu vert de cette voiture dessinée par Pininfarina qui dessinait aussi les Ferrari, avant son association avec Fiat qui l’obligera à rouler en voitures du groupe.

Bien d’autres autos apparaissent, notamment dans la course des Mille Miglia, comme l’Alfa-Roméo Giulietta Sprint 1955 qui finit aux bottes de paille ou des Mercedes 300SL Roadster. Une Abarth 750 Zagato 1956 est doublée en trombe par la meute des Ferrari et Maserati  …

Les Mille Miglia revivent chaque année sous la forme d’un rendez-vous historique de renommée mondiale.


Le Corniaud

Le Corniaud est vraiment un film de bagnoles avec Bourvil et Louis De Funès. réalisé par Gérard Oury en 1965, beaucoup tourné en extérieurs avec quantité de voitures.

Saroyan, homme d’affaires et trafiquant joué par De Funès, fait connaissance de Bourvil à l’occasion d’un accident dans Paris où sa Rolls Silver Cloud pulvérise littéralement la 2CV de Bourvil partant en vacances et dont la voiture « va beaucoup moins bien marcher ».

Saroyan cherche un moyen d’acheminer en Italie un diamant volé, de l’or et de la drogue, à bord d’une somptueuse Cadillac DeVille convertible 1964. L’or est coulé dans les pare-chocs chromés, le diamant logé dans le moyeu du volant où il lui arrive de bloquer l’avertisseur, et la drogue est planquée dans le creux des ailes arrière.

Comment passer la douane avec cette auto bien peu discrète ? L’idée lui vient de la confier pour ses vacances au corniaud dont il a embouti la 2CV. Il est tellement bête, naïf et sûr de lui qu’il devrait passer la douane sans problème.

Le film est une succession ininterrompue de gags qui font rire petits et grands.

Bien d’autres autos apparaissent dans le film. Saroyan et ses complices suivent la Cadillac à distance dans une Jaguar Mk II 1960 verte. Des bandits pas bien méchants qui veulent s’approprier le magot suivent aussi en Austin Healey 3000 1959 rouge.

Le Corniaud Le Corniaud

Le petit cabriolet jaune du coiffeur jaloux est une Autobianchi Bianchina 1960, pas mal cotée aujourd’hui dans les ventes aux enchères.

Quantités de Fiat 500, 1100, 1500, 1800, Alfa Roméo, Lancia et Simca des années 60 font de la figuration. On aperçoit une Ferrari 250 GTE 1961 et dans le garage de l’hôtel une rarissime BMW 507 cabriolet de 1956, toutes deux à la cote astronomique aujourd’hui …

Ce film est d’un ravissement extraordinaire avec toutes les mimiques de De Funès, la bêtise innocente jouée par Bourvil, le charme de la manucure italienne ou de l’auto-stoppeuse allemande …

On retiendra en particulier cette scène où De Funès répare lui-même des trous de balles dans la carrosserie de la Cadillac, en cadence et en musique devant le garagiste et son fils médusés :

Un film à redécouvrir d’urgence avec ces deux grands acteurs disparus et une ambiance franco-italienne qui ravira les nostalgiques.


La Piscine

Elle crève littéralement l’écran à son arrivée. Monstrueusement belle, puissante, sensuelle, rouge … Elle, c’est la Maserati Ghibli, «chef-d’œuvre esthétique, de puissance et de souplesse » reconnue comme l’une des réalisations italiennes les plus réussies des années 1960.

La Piscine, Maserati Ghibli

La Piscine, le film« Moteur V8, 4,7 litres de cylindrée, quatre arbres à cames en tête et quatre carburateurs double corps, mon petit bonhomme ! » Tel est le portrait que brosse Harry (Maurice Ronet), de son superbe coupé Maserati Ghibli, à son ami Jean-Paul (Alain Delon), dans le film La Piscine.

On assiste à un duel d’égos entre Harry, riche producteur de musique avec sa Maserati au long capot, et Jean-Paul, écrivain raté roulant en modeste R8 Gordini à capot court et moteur arrière …

Romy Schneider, à qui nous avons rendu hommage dans le rallye Rafalle 2023, et Jane Birkin sont les autres personnages qui font monter la tension …

C’est un huis clos intemporel autour d’une piscine, réalisé par Jacques Deray et sorti le 31 janvier 1969.

L’autre voiture du film c’est la R8 Gordini, autre icône de l’époque, mais dans un autre registre.

Ce très beau livre du journaliste Luc Larriba, vous donne toutes les clés du film, avec des photos et documents inédits :

La Piscine, le livre

 


Le Fanfaron (il Sorpasso)

Jean-Louis Trintignant, acteur, réalisateur et parfois coureur automobile, s’est éteint le 17 juin 2022 à 92 ans. On a déjà parlé de son film Un homme et une Femme ici (voir plus bas) mais on a jeté un œil sur le reste de sa filmographie et on a découvert une pépite : Le Fanfaron, qui cadre parfaitement ici.

C’est un feu d’artifice de la comédie italienne du grand Dino Risi, sorti en 1966. Un beau gosse sans le sou, désinvolte, charmeur et fanfaron, joué par Vittorio Gassman, monstre sacré du cinéma italien, parcourt l’Italie des grandes vacances au volant d’un cabriolet Lancia Aurelia un peu défraichi. Il embarque dans son périple et un peu contre son gré un jeune étudiant en droit timide et complexé, merveilleusement joué par Jean-Louis Trintignant. Sur la route il conduit comme un fou, klaxonnant à tout va (ah les avertisseurs italiens…), interpellant et invectivant tout le monde. Sans foi ni loi, il s’impose partout avec un rare toupet, entrainant son nouvel ami qui peu à peu va se décoincer.

Le film est jubilatoire, on a la banane tout du long. À regarder en VO bien sûr. Seule la dernière minute est un peu… pénible. Il vous rendra nostalgique de la joie de vivre et de l’insouciance des années 60, la dolce vita.

La vedette automobile est bien sûr cette Lancia Aurelia, à « culasses rabotées », modèle emblématique de la marque à l’époque, propulsée par un moteur V6. Produite de 1950 à 1958, elle a gagné de nombreux rallyes et une version de son moteur équipa la Lancia D50 de Formule 1 championne du monde 1956 avec Fangio sous les couleurs de la Scuderia Ferrari. Elle est devenue de nos jours une voiture de collection très recherchée. Cet exemplaire de 1955 à parechocs coudés et parebrise arrondi, présenté à la vente RM Sotheby’s de Monaco en mai 2022 (non vendu, conduite à droite) était estimé entre 625 et 675 000 €. Dans le film elle est équipée d’un mange-disque 45 tours côté passager. Tout ce qu’il fallait pour embarquer une bella ragazza et non pas cet étudiant timide et effacé, et c’est bien tout le paradoxe du film…

Les autres véhicules du film

On aperçoit quelques italiennes de l’époque, Fiat 2300S coupé 1966, Fiat 500 et 600, berline bien carrée Fiat 1300 1961, Lancia Appia et Flaminia. Les charmantes « teutonnes » suivies sur la route conduisent une MG A MkI de 1956. L’inénarrable famiglia en side-car est sur une Moto-Guzzi 1934, ils sont 5 dessus avec la mamma, le bambino et les bagages !  On voit encore un Lambretta 3 roues 1960, une Opel Rekord 1961 et une Jaguar MKII 1960. Sur l’eau le canot ne peut être qu’un Riva !

Lancia Aurelia

 


Virages (Winning)

Centré principalement sur les 500 miles d’Indianapolis, ce film peut s’inscrire dans une trilogie avec Grand Prix consacré à la F1 et Le Mans de Steve McQueen dédié aux 24H.

L’intrigue est des plus convenues. Un pilote de course drague une employée de locations de voitures divorcée, l’épouse et adopte son fils de 16 ans qui se prend d’admiration pour lui. Mais il la trouve au lit avec son rival sur les pistes. Va-t-il la récupérer ? Va-t-il gagner l’Indy 500 ?

Le film date de 1969 et pour nous c’est l’occasion de se replonger dans l’ambiance des courses US des années 60 : CANAM, stock cars et Indy du temps des moteurs Offenhauser, avec des images réelles au milieu des images très bien tournées, comme l’accident du départ aux 500 Miles d’Indianapolis 1966 :

De grandes figures de l’Indy 500 jouent leurs propres rôles : les pilotes Bobby Unser, 3 fois vainqueur, Dan Gurney, Roger McCluskey, le promoteur Tony Hulman… A l’époque on pilotait à visage découvert avec un casque jet, un foulard et une paire de lunettes à élastique à plus de 300 kmh… C’était une période où tout paraissait plus facile, plus ouvert, plus libre, dans une Amérique débridée à grosses poitrines et grosses cylindrées. Gentlemen, enfoncez-vous dans votre canapé et… start your engines!

Le charismatique Paul Newman crève l’écran. Pour faire ce film, il a pris des cours de pilotage avec Bob Bondurant, un ancien pilote F1 et endurance pour Shelby, Ferrari et Eagle. Il s’est alors découvert une passion pour le sport auto à plus de 40 ans. Il a commencé à courir en amateur puis en professionnel et a même fait partie à 54 ans de l’équipage 2ème des 24 h du Mans 79 sur Porsche 935 ! Il a créé l’écurie Newman-Haas qui permettra au français Sébastien Bourdais de remporter plusieurs championnats US Champ Car. Il a continué de courir jusqu’à plus de 80 ans.

Les voitures du film

En CANAM on reconnait des Lola T70 MKII et MkIII, McLaren et McKee de la saison 67. En stock car, celle qui finit sur le toit est une Ford Fairlane 67. Aux 500 miles, les appendices aérodynamiques font timidement leur apparition sur quelques voitures de la saison 67. On voit principalement des Eagle du constructeur Dan Gurney avec leur museau caractéristique, une Vollstedt, des Mongoose… Moteurs Ford V8 ou Offenhauser (Offy) 4 cylindres. Belles voitures de série de la période flamboyante : le cabriolet des amoureux est une Ford Galaxie 67, le pace car Indy une Ford Torino GT 68. La voiture perso de Paul Newman est une Ford Thunderbird Landau 69, le break de Joanne Woodward, sa compagne dans le film et dans la vie une Ford Torino Squire 69…


Green Book – Sur les routes du sud

Les deux Cadillac du film – Image du film

New-York, 1962 – Tony la Tchatche ne fait pas dans le détail. Si on l’emmerde, il cogne. Avec sa petite femme Dolorès, cet italo-américain vit dans le Bronx où il n’aime pas les noirs. Il travaille aux “relations publiques” au Copa, un cabaret qui ferme ses portes pour rénovation. Tony se retrouve sans boulot et finit par se faire embaucher comme chauffeur d’un pianiste noir cultivé et distingué pour une tournée dans les maisons chics du sud des USA, à une époque où les noirs doivent pourtant dormir, manger et pisser ailleurs qu’avec les blancs.

Dans le huis clos d’une Cadillac Sedan DeVille 1962, les deux hommes vont finir par s’apprivoiser, le chauffeur blanc devant, le noir solitaire derrière, à la stupéfaction des ouvriers noirs dans les champs de la campagne sudiste. Scènes d’anthologie quand Tony apprend au pianiste à manger du Kentucky fried chicken avec les doigts dans la voiture ou quand celui-ci lui apprend le soir au motel à rédiger ses lettres d’amour quotidiennes à sa petite femme chérie qui l’attend pour les fêtes de Noël. Rentreront-ils de la tournée à temps dans les tempêtes de neige ?

Les deux superbes Cadillac du film (les deux musicos blancs qui accompagnent le pianiste roulent dans une Cadillac identique) sont un modèle 4 portes « 4 vitres » sans montant central d’une longue lignée, déclinée aussi en 4 portes/6 vitres, 2 portes et cabriolets, de 1959 à 2005. C’est ici la seconde génération (1961-1964), propulsée par un V8 6,4 litres de 325 chevaux et boîte auto bien sûr.

La ligne à ailerons verticaux arrière est aussi caractérisée par le “skeg”, aileron horizontal de bas de caisse qui court du passage de roue avant au pare chocs arrière. Pour les dimensions on est dans les 5,70 m de long pour 2 m de large sur un empattement de 3,30 m et 2200 kg ! Ce vaisseau amiral peut croiser à 190 km/h. Le réservoir de 80 litres permet de faire face à une consommation de 22 litres/100.

Quantité d’autres voitures américaines apparaissent dans le film : Ford Country, Fairlane, Galaxy ou Falcon, Plymouth Belvedere, Chevrolet Bel-Air, Fleetline ou Two-Ten, Oldsmobile, Packard, Edsel… un vrai musée automobile des années 50-60 reconstitué dans ce film de 2018 ! Tain… j’aurais du avoir 20 ans en 1960 !

Cadillac DeVille
Cadillac DeVille 1962, source Wikipedia

Vanishing Point – Point Limite Zéro

Kowalski est driver. Il livre des voitures par la route à travers les US. Vétéran du Vietnam, ancien flic et ancien pilote de NASCAR, il tente de joindre Denver, Colorado, à San Francisco, Californie, soit 2000 km en moins de 12 heures suite à un pari, au volant d’une surpuissante Dodge Challenger Supercharged.

Il ne tarde pas à avoir tous les flics des états traversés à ses trousses mais trouve des aides de fortune au hasard : un chasseur de serpents dans le désert, un motard en chopper, un animateur de radio noir et aveugle qui écoute la fréquence police, le guide et le conseille au travers de sa station de radio. Des flashbacks sur son passé ponctuent le film : on appréciera tout particulièrement les accidents de moto short track ou de voitures NASCAR à l’ancienne en scènes réelles. La fille nue sur sa moto dans le désert est sublime.

Sorti en 1971, le film trouve aujourd’hui un intérêt décuplé par son côté vintage dans les personnages, les coiffures, les décors et accessoires d’une Amérique profonde et déclassée, les dinners et stations de bord de route, les objets de l’époque, la musique, la poussière…

Cet hymne à la liberté et aux grands espaces est à regarder vautré dans son canapé avec une provision de Bud…

Les véhicules du film

La Dodge Challenger est la vraie vedette du film. Un bonus lui est consacré. 9 ont été utilisées pour le tournage et les cascades. C’est le premier modèle, de 1970, une « pony car » ou « muscle car ». Elle est supposée être équipée d’un V8 de 7,2 litres, 425 chevaux DIN, boite méca 4 rapports mais il est probable que la prod a utilisé des modèles inférieurs pour les cascades. Cette auto se trouve aujourd’hui en France dans les 40000 €. Sa puissance aurait été  sous-estimée pour ne pas effrayer les assurances mais serait plutôt proche des 500 chevaux.

Dodge Challenger Supercharged

On retrouve pas mal de voitures de l’époque dans le film. Les figurants conduisent des Chevrolet Impala, Chevelle ou Kingswood, Ford Country Sedan 1962 et 1963, Chevrolet Bel-Air 1965, Buick Special 1955, Ford Bronco 1969, j’en oublie…

Il semblerait que ce soit une Camaro 67 de même couleur que la Challenger qui serve dans la scène ultime…

Les voitures noires des flics sont des Dodge Coronet de 1970 ou des Dodge Polara de 1968. Les deux homos just married poussent une antique Chevrolet Two-Ten Townsman Station Wagon (break) de 1955.

Chevrolet Two-Ten Townsman Station Wagon

Une étonnante Jaguar Type E ouverte avec arceau, conduite par un fêlé qui veut « faire la course », finit bien mal.

Le camion en panne du chasseur de serpents est un Chevrolet Task-Force Apache de 1958 qui ferait aujourd’hui un beau rat’s collector. Au début du film on contemple et écoute deux magnifiques bulldozers Caterpillar D8 qui tapent leurs chenilles en cadence.

Côté 2 roues, les traditionnelles Harley-Davidson Electra Glide de la police de l’époque sont de la partie, joliment pilotées sur pistes. On trouve un chopper à d’étonnantes capacités tout-terrain, une mini moto Rupp Minibike au phare clignotant utilisée sanglée sur le toit de la Dodge pour simuler un feu de voiture de police. Quant à la fille nue dans le désert, elle chevauche une Honda CL 350 Scrambler, une routière à pots chromés relevés et équipée de pneus à crampons, aussi jolie qu’elle.


Bullit

Film noir américain de 1968 à l’intrigue insipide, il ne trouve son intérêt que dans la prestation de Steve Mac Queen et cette longue poursuite infernale dans les rues en pente de San Francisco.

Steve est au volant d’une Ford Mustang GT 390 Fastback de 1967. Il est lieutenant de police et poursuit des méchants aux mines patibulaires dans une Dodge Charger R/T 1968 équipée d’un V8 de 7,2 litres, pas moins, 375 chevaux et boite auto 3 rapports. C’est vraiment une voiture de méchant avec sa couleur noire brillante, son intérieur cuir noir et ses jantes ultra chromées. Comptez 50000 € aujourd’hui pour en trouver une en France.

La Mustang de Steve est équipée d’un V8 6,4 litres de 320 chevaux et d’une boite manuelle 4 rapports. Elle est moins puissante mais plus légère que la Dodge. A noter que Ford sort aujourd’hui une Mustang « Bullit » de la même couleur vert foncé.

Dodge Charger R/T

C’est donc à un duel de muscle cars qu’on assiste et la poursuite est spectaculaire dans les rues en pente de San Francisco où les voitures spécialement préparées décollent et écrasent leurs pneus et amortisseurs aux ruptures de pente dans les carrefours ! La course continue sur route ouverte au milieu du trafic et se termine bien sûr au détriment des méchants.

Ford Mustang GT 390 Fastback

La Ford Mustang du film Bullit restaurée et présentée au Salon de Detroit en 2018

A noter qu’on voit aussi Steve dans une jolie Porsche 356 cabriolet jaune canari de sa copine (Jacqueline Bisset).


Le Mans

On a déjà parlé du film Le Mans dans un article du Fils et de ses principales vedettes automobiles Porsche 917 et Ferrari 512 de 1969/1970.

On vous repasse le trailer pour le plaisir :


Rush

Ce film sorti en 2013 retrace la rivalité entre deux pilotes de Formule 1 des seventies : le chaud-bouillant anglais James Hunt coureur de jupons, champion du monde 76 sur McLaren et le froid et calculateur autrichien Niki Lauda, champion du monde 75 et 77 sur Ferrari et gravement brûlé au Gand Prix d’Allemagne 76.

On y retrouve aussi des personnages truculents de l’époque comme ce riche anglais Lord Hesketh qui avait pris James Hunt sous son aile et lui a construit sa première Formule 1. Il parviendra à gagner un Grand Prix avec en 1975. On ne reverrait plus ça aujourd’hui !

Le film enchaîne un peu les clichés mais les acteurs sont très ressemblants. Les scènes de courses sont particulièrement réalistes car entrecoupées de scènes réelles et sont tournées avec les voitures de l’époque louées à de riches collectionneurs qui s’en servent aujourd’hui dans les courses historiques. Le Père a revu plusieurs des voitures du film et de cette époque au Grand Prix de Monaco Historique en 2018.

La plupart sont propulsées par des V8 Ford Cosworth faciles à mettre en œuvre, pas besoin de 10 ingénieurs derrière des écrans pour simplement démarrer.

Ce film est un hommage à James Hunt, mort de crise cardiaque en 1993 et à Niki Lauda, disparu cette année à l’âge de 70 ans.

Grand Prix de Monaco Historique, Ferrari de Niki Lauda

Grand Prix de Monaco Historique – La Ferrari de Niki Lauda et la McLaren de James Hunt (photos perso)

Grand Prix de Monaco Historique, McLaren de James Hunt


Grand Prix

Encore un film sur la Formule 1, le premier du genre, sorti en 1966. Réalisé par l’américain John Frankenheimer, le film a remporté 3 oscars. Il reprend des scènes de Grand Prix de l’époque injectées dans un scénario où 4 pilotes se disputent le titre de champion du monde sur fond d’histoire d’amour entre l’un et la femme d’un autre qu’il a envoyé à l’hôpital lors d’un accident de course…

Yves Montand est l’un des pilotes Ferrari (Jean-Pierre Sarti) qui tombe amoureux d’une journaliste américaine, tandis que Françoise Hardy fait quelques apparitions (la journaliste Lisa) en girl friend éphémère de l’autre pilote Ferrari, un italien pur jus. Des pilotes comme Graham Hill, Bruce Mc Laren, Lorenzo Bandini, Chris Amon, ont tourné des scènes notamment sur le circuit de Charade et des vues du Grand Prix de Monaco ont été simulées à… Royat, à quelques kilomètres. Mais le film démarre à Monaco où le fameux accident à la chicane où une voiture finit dans le port a été recréé et c’est intéressant de voir le circuit de l’époque. Par exemple, l’hôtel Fairmont n’était pas construit et les équipes stationnaient à sa place tandis que le tunnel était beaucoup plus court.

Les principaux pilotes sont joués par des acteurs dans le film (James Garner incarne Pete Aron, le pilote Honda et porte le casque de Chris Amon, Yves Montand celui de John Surtees, et Brian Bedford celui de Jackie Stewart), ou bien jouent leur propre rôle (Graham Hill, Jo Bonnier…).

Le scénario s’éloigne en fait complètement de la réalité du championnat 66 mais les voitures sont bien celles de la saison : BRM P261, Lotus 33 et 43 à moteurs Climax ou BRM, Ferrari 312, Honda RA273, Brabham-Repco, Cooper-Maserati, Eagle Mk1, McLaren M2B… même si certaines ont été maquillées à partir de Formules 2 ou 3 quand la prod ne disposait pas des voitures réelles. Des tas d’anecdotes circulent à ce sujet.

On appréciera les scènes truquées pas si mal que ça où Yves Montand pilote consciencieusement une voiture fixe en studio devant des scènes de course projetées sur un écran derrière ! Mais beaucoup de scènes ne sont pas truquées, tournées avec les grosses caméras de l’époque montées sur des bâtis accrochés aux Formule 1 ou bien depuis une Ford GT40 partiellement dépouillée de sa carrosserie pour accueillir caméras, pilote et opérateur. Les acteurs avaient pris des cours de pilotage à l’école anglaise de Jim Russell et pilotaient des Formule 3 grimées en Formule 1, coiffées de fausses trompettes d’admission de V8 !

Des scènes ont été tournées dans l’enceinte même de l’usine Ferrari à Maranello où l’on reconnait le célèbre atelier de montage des voitures de course.

Le diaporama ci-dessous vous présente quelques captures d’écran issues du film The Making of Grand Prix Feature Film Behind the Scenes qui dévoile un peu tous les secrets de tournage :

  • La Ferrari n° 17 conduite par Yves Montand avec le casque de John Surtees est une fausse Ferrari. Sur ces images on enlève le capot moteur garni de 6 fausses trompettes d’admission et on découvre un 4 cylindres de Formule 3 avec de faux échappements !
  • On découvre comment l’un des pilotes est filmé à bord au moyen d’une caméra fixée sur le côté de la voiture.
  • Autres prises de vues avec une caméra montée sur un chassis fixé à l’avant d’une monoplace.
  • L’accident de Paul Hawkins en 1965 qui finit dans le port avec sa Lotus à la chicane après le tunnel est reconstitué en plusieurs scènes. C’est d’abord un cascadeur qui fait un tête à queue à ‘l’entrée de la chicane et heurte les rails. Puis on place une fausse Formule 1 avec un mannequin à bord, vraisemblablement équipée d’une fusée à poudre qui la propulse droit dans le port après avoir décollé sur les bottes de paille ! Pour l’anecdote, on raconte que Paul Hawkins était sorti lui-même de sa voiture, avait regagné le bord et était rentré à pied à son stand boire une bière … (source).

Le résultat est sensationnel car Frankenheimer a voulu tout montrer en détail, jusqu’au travail des pieds aux pédaliers, comme si on était dans la course.

Hors course on y voit quelques belles autos comme la Mustang Shelby GT 350 Fastback 1966 du pilote américain Pete Aron, ou la Ferrari 330 GTC 1966 du Commendatore Ferrari qui vient assister à la course à Monza. On y voit aussi un des plus célèbres camions d’écurie de course, le Fiat 682 RN2 Bartoletti qui transportait les voitures de la Scuderia.

Fiat 682 RN2 Bartoletti

Le Bartoletti à Rétromobile 2014 (photo perso)

Classic Racing School

A l’époque les voitures n’avaient aucun appendice aérodynamique et ressemblaient à des cigares sur roues (« cigar shape »). Ces voitures et l’ambiance de l’époque ont inspiré les jeunes créateurs de la Classic Racing School sur le circuit de Charade actuel, la première école de pilotage historique. Ils n’étaient pourtant pas nés à cette époque !

Depuis 2017, ils proposent des stages de pilotage haut de gamme en immersion complète. Ils ont recréé dans les boxes de Charade un garage à monoplaces, un loft et un vestiaire vintages. Ils  fournissent des combinaisons, cagoules, gants et chaussures cuir de course semblables à ceux de l’époque, seul le casque est actuel. Et vous pouvez vous glisser dans l’une des monoplaces aux couleurs Matra, Lotus, Ferrari, Ligier, Gulf, pour 8 séries de tours dans la journée, une centaine de kilomètres, supervisés par des pilotes professionnels ! L’expérience, que Le Père et Le Fils ont eu la chance de vivre, est inoubliable.

Vaillante, Classic Racing School

Comble du rêve, ils disposent depuis cette année d’une réplique de Vaillante, inspirée de la célèbre bande dessinée de Jean Graton, sur la même base chassis Crosslé 90F/moteur Ford Zetec,

Reportage


Gran Torino

Gran Torino est tourné en 2008 à Detroit dans le Michigan, ville fascinante, capitale de mecs et de bagnoles, et j’ai pu me rendre en 2011 sur le lieu de tournage principal, devant les 2 maisons, restaurées après le film.

Detroit, Gran Torino

Walt Kowalski (tiens, encore un) est joué par Clint Eastwood. C’est un vétéran de la guerre de Corée et retraité des usines Ford de Detroit. Il a acheté une Ford Gran Torino qui lui est passée entre les mains sur la chaîne de montage et passe sa retraite à la briquer et sur la terrasse de son pavillon de banlieue à descendre des bières et à la regarder. Il vient de perdre sa femme et défend son territoire en menaçant au fusil d’assaut une immigration grandissante de vietnamiens Hmong qui lui rappellent de mauvais souvenirs de Corée, dans ces banlieues de Detroit qui commencent à se délabrer. En plus il en a comme voisins dans la maison d’à côté !

La Ford Torino a été produite entre 1968 et 1976 dans un tas de versions, 2 ou 4 portes, berline, break, coupé ou cabriolet mais toujours avec 4 vraies places. Cette conception était facilitée par une carrosserie séparée du chassis. La Gran Torino est vraiment ce qu’on peut qualifier de grosse bagnole. Massive, c’est un muscle car de la lignée des Mustang et elle a couru en NASCAR. Celle de Kowalski est une Gran Torino Sport de 1972, un coupé 2 portes, semblable à celle de Starsky et Hutch. Elle pouvait être équipée de moteurs 6 cylindres en ligne ou V8, jusqu’à 7 litres de cylindrée et 220 chevaux, boite manuelle 3 ou 4 vitesses ou boite auto 3 vitesses.

Ford Gran Torino

Dans le film, Kowalski utilise un pick-up Ford F-100 de 1972 en voiture de tous les jours et les petites frappes Hmong roulent en Honda Civic 1992, tunée avec un capot noir mat et un aileron.


Sur la route de Madison

Des enfants devenus grands découvrent dans une vieille malle l’histoire d’amour secrète de leur mère (Meryl Streep) avec un photographe de passage (Clint Eastwood). Le photographe est à la recherche d’un pont couvert en bois pour la National Geographic et demande son chemin à Francesca, seule dans sa maison au fin fond de l’Illinois rural, son mari et ses enfants partis à une foire à bestiaux.

La vedette automobile est un pick-up Chevrolet GMC 1500 de 1960 au charme suranné, vert et rouille, sorte de camionnette à cabine 2 places et benne fixe à l’arrière. Les américains raffolent depuis toujours de ces véhicules rustiques et hauts sur pattes, qui permettent de trainer tout son fourbi à l’arrière pour aller à la chasse, à la pêche, aux champs ou au marché, sans souci de coffre étriqué.

Dans le film on admire aussi le mobilier et la cuisine vintage de Francesca, dans une maison qui avait été restaurée mais a brûlé depuis, tout comme le pont, autre vedette du film.

Chevrolet GMC 1500

Un GMC 1500


Burt Munro

Il en faut aussi pour les motards et la vedette ici est une vieille moto Indian. A 65 ans, Burt Munro aime toujours les femmes et les motos. Il quitte sa Nouvelle-Zélande avec son Indian pour aller tenter sa chance sur la piste salée de Bonneville aux USA où se battent les records de vitesse, et assouvir un rêve de gosse, rouler à Bonneville. Le voyage, en bateau puis en voiture d’occasion et remorque, est épique et l’occasion de quelques rencontres.

Sa moto, une Indian Scout de 1920 carénée pour la vitesse et au moteur trafiqué, même si elle tape les kékés locaux sur les plages néozélandaises, est plutôt dépassée à Bonneville et a du mal à passer les contrôles. Mais sa foi est inébranlable.

Indian Scout de Burt Munro

Réplique de l’Indian Scout de Burt Munro

Le film est tiré d’une histoire réelle. Burt Munro est mort en 1978 et a roulé plusieurs fois à Bonneville. Il a réussi 295,453 km/h en 1967, faisant de sa moto l’Indian la plus rapide de sa catégorie, record inégalé !

Les Indian Scout étaient propulsées par un bicylindre en V de 600 cm3 et ont été fabriquées à plus de 40000 exemplaires. Indian est une marque américaine historique de motos, produites de 1901 à 1953 à Springfield, Massachusetts. La production a été relancée en 2004. Indian est aujourd’hui une filiale de Polaris Industries, tout comme les motos Victory.

Il y a évidemment un tas de voitures américaines des années 50 dans ce film et aussi quelques-uns des engins bizarres et improbables qui évoluaient à Bonneville.


Mammuth

C’est un film français des loufoques Benoît Delépine et Gustave Kervern sorti en 2010 avec Gérard Depardieu, Yolande Moreau, Isabelle Adjani…

Serge (Depardieu) est boucher équarrisseur dans un abattoir et part à la retraite. Le pot de départ est à lui seul une scène d’anthologie ! Seulement voilà, il n’a pas tous ses points. Alors il exhume du sous-sol de son pavillon de banlieue une moto hors du temps, une Münch Mammut de 1969, et entame un périple pour retrouver ses anciens employeurs. C’est qu’il a fait un peu tous les métiers Serge et beaucoup de ses anciens patrons ont fermé, ou bien le payaient au noir… Au fil des rencontres… il finit à mobylette !

Münch est un constructeur allemand de motos en séries très limitées qui a démarré en 1966 une production de machines nommées Mammut (sans h) et équipées de moteurs de voiture, un 996 cm3 de NSU Prinz de 55 chevaux, ce qui était déjà ahurissant et monstrueux pour l’époque, la machine atteignant 190 km/h.

En 1968 la puissance monte à 88 chevaux avec le montage du NSU 1200 cm3. C’est la moto du film.

Avec environ 260 kg à vide plutôt haut placés la moto était un sacré plomb, doté d’une esthétique toute germanique.

Ces motos étaient complètement anachroniques dans la production de l’époque qui n’a commencé à se moderniser qu’avec l’arrivée de la Honda CB 750 Four de 67 chevaux, en 1968 justement.

Lors d’une projection semi-privée dans un petit cinéma du 17ème j’avais demandé aux réalisateurs pourquoi ils n’avaient pas choisi la Yamaha Vmax, autre plomb motocycliste mythique. Ils y avaient pensé ! Mais la Mammut était la moto qu’il fallait pour le gabarit de Depardieu.


Easy Rider

Ici le scénario est à peu près aussi épais qu’une feuille de papier à rouler un joint…

Deux types (joués par Peter Fonda et Dennis Hopper) s’achètent des choppers avec de l’argent issu d’une vente de drogue et traversent les USA de Los Angeles vers La Nouvelle Orléans. Ils ont planqué leur fric dans un tuyau plastique étanche enfoncé dans le réservoir. On roule et on regarde défiler les paysages avec eux. Avec leur look et leurs cheveux longs ils sont rejetés de toutes parts et traités de pédés par une Amérique profonde. Ils se font d’abord héberger par une communauté hippie puis campent au bord des routes. Ils se font jeter en prison où ils rencontrent un avocat bourré et fantasque (Jack Nicholson) qui les accompagne coiffé d’un casque de football.

Les moteurs sont des V2 Harley-Davidson Panhead aux cache-culbuteurs en forme de casseroles de cuisine, d’où leur nom. Les motos ont été construites pour l’occasion à partir d’accessoires et de sous-ensembles qu’on trouve partout aux US.

La bande son c’est du Steppenwolf, Byrds, Jimi Hendrix, avec le fameux « Born to be wild » qui annonce le heavy metal.

Ce film de 1969 est aujourd’hui un témoin historique d’une Amérique désenchantée de cette époque, conservé à la bibliothèque du Congrès, bibliothèque nationale américaine. Sa fin tragique laisse un goût amer d’incompréhension et d’intolérance qu’on rencontre aujourd’hui en France sur la route dès que votre auto ou moto n’est pas dans les normes imposées de la bien-pensance et qu’on est jaloux de votre liberté.

chopper, Easy Rider

Réplique d’un des choppers du film avec le casque de Peter Fonda


Carnets de voyage – Diarios de Motocicleta

On en finit avec les motos avec ce film du réalisateur brésilien Walter Salles sorti en 2004. Il retrace le périple de deux jeunes argentins, Alberto Granada, un biochimiste trentenaire et le jeune Ernesto Guevara, étudiant en médecine et  qui deviendra plus tard Le Che, d’après des notes de voyage réelles des deux compères.

Ils partent en 1952 sur la vielle moto d’Alberto qu’il appelle La Vigoureuse. Ils parcourent des milliers de kilomètres avant que la moto ne rende l’âme, à travers toute l’Amérique du Sud, enchainant routes et pistes défoncées, cols enneigés. Ils tombent en panne, réparent, prennent des gamelles. Ils continuent à pied, en radeau, travaillent dans une léproserie, nous offrant leur enthousiasme et leur générosité. Au passage ils prennent conscience de la misère économique et sociale des pays traversés, ce qui va forger leur conscience politique.

Norton model 18, Carnets de voyage

La moto est une Norton modèle 18 de 1939, un gros monocylindre 500 cm3 de 21 chevaux seulement, à boite séparée et assez caractéristique avec ses tiges de culbuteurs convergentes.


Un Homme et une Femme

C’est un film français de Claude Lelouch sorti en 1966 et palme d’or au Festival de Cannes cette année-là. Le film a pris un relief particulier avec la sortie en 2019 de Les plus belles années d’une vie, où Lelouch a réussi à réunir à nouveau les deux acteurs principaux, l’un en EHPAD et atteint d’Alzheimer, l’autre devenue commerçante en Normandie et qui roule en 2CV.

Mais en 66, Jean-Louis Duroc, joué par Jean-Louis Trintignant, est coureur automobile et de jupons, et Anne Gauthier, jouée par Anouk Aimée, est scripte de films. Tous deux sortent d’une tragique histoire d’amour et déposent chaque semaine leur enfant dans une pension de Deauville. Leurs rencontre et idylle sont inévitables. La vedette automobile du film est une Ford Mustang blanche de 1965 dont les évolutions sur la plage de Deauville sont devenues célèbres et font l’objet d’une plaque commémorative à l’entrée des planches. Jean-Louis se tape un Monaco-Deauville d’anthologie en une nuit à son volant, au retour du Rallye de Monte-Carlo, à une époque où il n’y avait pas de limitation de vitesse, ce qui rend la chose crédible…

Outre l’intrigue et les acteurs, le film est intéressant car plusieurs scènes réelles des 24H du Mans et du Rallye de Monte-Carlo sont insérées avec toutes les voitures sport-proto et de rallye qui vous ont fait rêver. On assiste également à une séance d’essais privée qui ravira les amateurs du circuit de Monthléry, avec cette même Ford Mustang, une Ford GT40 Mk1 de 1965 et une Brabham BT6 Formule 1 de 1963, propulsée par un moteur Climax V8. Toutes ces voitures appartenaient à l’écurie Ford France d’Henri Chemin.

Dans les bonus du film on découvre que de nombreuses scènes ont été tournées depuis une énorme voiture américaine équipée d’un plateau en bois sur le capot avant.  Claude Lelouch filme tantôt sanglé sur le plateau, tantôt depuis le coffre béant.

Dans Les plus belles années d’une vie, le fils de Jean-Louis Duroc devenu grand et qui joue l’entremetteur du rapprochement des anciens amants, n’est pas pilote mais conduit la dernière Alpine A110. Les deux anciens amants essaient bien de rouler à nouveau sur la plage avec l’antique 2CV mais un flic leur explique que c’est interdit « depuis qu’un con l’a fait en Mustang il y a longtemps ». Éternelle bêtise de notre police nationale…

Sur le DVD, un homme et une femme se termine avec une traversée folle de Paris réalisée en un seul plan séquence sans trucage ni autorisation et au mépris de tous les risques avec une caméra fixée à l’avant d’une Mercedes 450 SEL 6,9 litres. Cette séquence a été tournée en 1976 au petit matin et le bruit rajouté est celui d’une Ferrari 275 GTB. A couper le souffle !

Henri Chemin

Le film est aussi un hommage à Henri Chemin qui est le pilote de Jean-Louis Duroc au Rallye de Monte-Carlo dans le film. Dans la réalité, il courra le Monte-Carlo 67 avec Johnny Hallyday. Il fut en effet un bon pilote et occupa divers postes à responsabilité chez Ford France et Simca-Chrysler. Il créa en particulier l’écurie Ford France avec des pilotes comme Trintignant, Maurice celui-là (Jean-Louis est son neveu), Jo Schlesser, Guy Ligier, Henri Greder, Jean Vinatier, mais sa carrière de pilote a surtout connu le succès sur des voitures du groupe Simca-Chrysler. Il a fait beaucoup de promo pour la Ford Mustang quand il était chez Ford en la mettant aussi à l’affiche des films des gendarmes de Louis de Funès et de La Curée avec Jane Fonda.

Deauville, Un Homme et une Femme

Une anecdote

La Mustang du film et qui avait été engagée au Monte-Carlo porte le numéro de course 145. Lelouch filmait pendant la course depuis la banquette arrière. Henri Chemin avait mis à disposition une deuxième Ford Mustang blanche pour des prises de vues extérieures et qui portait le numéro 184 (source) Curieusement, j’ai retrouvé une Ford Mustang 184 siglée écurie Ford France au dernier Tour Auto historique Optic 2000 qui arrivait cette année à … Deauville ! L’auto était en fait engagée sous le n° 84 et il semble que ce soit une facétie de l’équipage.


Days of Thunder – Jours de Tonnerre

C’est toute l’ambiance des courses NASCAR qui est ici retracée. Qui a vu le paquet de 40 voitures arriver au premier tour lancé depuis la tribune de Daytona comprend ce qu’est un jour de tonnerre.

Départ du Daytona 500 en 2017 :

Les voitures NASCAR sont construites à l’unité sur des chassis tubulaires avec une peau de carrosserie qui reprend les lignes générales d’un modèle de série et permettent aux spectateurs de s’identifier à leurs pilotes favoris. Tous les feux, échappements et calandres qui donnent leur identité aux voitures sont de simples autocollants. Avec leurs moteurs V8 de 700 chevaux, les voitures roulent en paquets compacts à plus de 300 km/h sur des circuits ovales aux virages relevés, ce qui ne manque pas de créer de nombreux accidents. Cette année le championnat se joue sur des imitations de Ford Mustang, Chevrolet Camaro et Toyota Camry.

Les pilotes professionnels qui conduisent ces engins sont bien sûr un peu fêlés et c’est ce que veut montrer le film sorti en 1990 et qui n’a guère vieilli. En effet, les voitures évoluent peu dans ce qui est avant tout un grand show traditionnel à l’américaine avec nombreuses interruptions permettant les écrans publicitaires à la télévision et aux spectateurs d’aller se restaurer !

L’intrigue du film est solide avec des personnages plus vrais que nature : Tom Cruise en pilote de talent qui rêve de gagner le Daytona 500, la jolie doctoresse Nicole Kidman, les team managers, les mécanos, les autres pilotes…

En 1990 ce sont des Ford Thunderbird, Chevrolet Lumina, Oldsmobile Cutlass et Pontiac Grand Prix qui s’affrontent sur les pistes mais il y a aussi les magnifiques camions d’écurie Kenworth, la scène de course dans les rues en voitures de loc…


Two-lane Blacktop – Macadam à 2 voies

Deux jeunes coureurs amateurs, “The Driver” et “The Mechanic”, parcourent la route 66 vers l’Est, espérant atteindre les plages de Floride. Ils vont de stations-services en dinners, d’un motel de bord de route à l’autre, dans une antique Chevrolet 1955 grise préparée pour les courses de dragsters, avec 2 pneus racing et un cric d’atelier dans le coffre. En chemin ils ramassent une fille un peu paumée, « The Girl », qui s’est installée à l’arrière de leur caisse sans rien demander.  Ils vivent de paris au gré de leurs rencontres d’autres pilotes amateurs qui se défient sans casque dans des courses d’accélération sauvages organisées à la sauvette la nuit. Les départs de runs sont donnés à la lampe torche et tout le monde s’évanouit dans le noir quand la sirène de police retentit et clignote au loin.

Parfois c’est un peu mieux organisé sur des aérodromes désaffectés ou sur de vraies pistes de dragster, avec des voitures plus puissantes. Mais il y a d’innombrables catégories en dragster et nos deux compères courent dans la leur.

Sur la route ils rencontrent « The GTO » une espèce de dandy dans la quarantaine. The GTO roule dieu sait pourquoi et vers où et raconte n’importe quoi aux stoppeurs qu’il prend dans une Pontiac GTO orange de 1970 dont il est très fier. Lui ne court pas mais ils font un pari, le premier qui arrive à Washington DC gagne la voiture de l’autre.

La Chevrolet grise est une Chevrolet 150 ou One-Thifty de 1955 en version 2 portes Sedan, une voiture économique qui a connu le succès auprès des amateurs de hot-rods. Elle était équipée d’un V8 « small block » 4,3 litres et semble bénéficier dans le film d’une suralimentation coiffée d’une bosse carrée sur le capot.

D’autres voitures apparaissent bien sûr dans le film : des Chevrolet Camaro Super Sport de 1968 qui s’affrontent sur la piste, des Chevrolet El Camino de 65 et 70, une Corvette Sting Ray et plein d’autres.

Ce film sorti en 1971 est un pur road movie d’inspiration western sur fond de musique rock. Les dialogues sont réduits, les personnages sont taciturnes et semblent sans but précis dans la vie. On les suit dans leurs petites rencontres et c’est un prétexte à « faire de la route ».

Ce film marque la fin du rêve hippie, le désenchantement de l’Amérique, mais comme Vanishing Point, c’est avant tout un hymne à la liberté et aux grands espaces américains qui semblent toujours à conquérir. C’est le culte de la route et de la bagnole, symboles de mobilité et de liberté qu’on veut aujourd’hui nous enlever sous de faux prétextes d’écologie et de sécurité afin de toujours mieux nous soumettre et nous aliéner…

P… t’auras jamais dans un train ou un tramway les sensations et la liberté d’une caisse bodybuildée surmotorisée et sonorisée ! Des traine-cons bondés, en retard, en grève ou en panne et qui ne vont jamais là où tu veux aller, voilà ce qu’on veut nous imposer. J’aurais dû avoir 20 ans en 1960…


La Strada – La Route

J’ai gardé pour la fin ce film culte absolu de Federico Fellini, sorti en 1954 en noir et blanc et à regarder en italien.

Le Grand Zampano (Anthony Quinn) trimballe son misérable cirque ambulant sur les petites routes italiennes et joue dans les villages. Il achète et enlève à sa famille pour l’emmener sur les routes la jeune Gelsomina (Giulietta Masina), une fille un peu dans la lune, afin de le seconder dans ses tours de force ou de clown triste et de passer le chapeau.

Le film est d’une tristesse infinie et la vedette mécanique est tenue par un antique triporteur bâché qui sert à transporter le maigre matos et aussi de chambre à coucher par tous les temps. Au bruit on pense à une Harley-Davidson mais c’est un Sertum 500 Motocarro de 1945.

Sertum a fabriqué des motos et triporteurs à Milan de 1932 à 1952. Le modèle du film semble être animé par un monocylindre 500 cm3 de base BSA ou Norton monté à l’époque aux fins de commercialisation en Argentine, ce qui ruina la firme. Freins à tambours et fourche à parallélogramme sont bien de l’époque.

Sertum 500 Motocarro

Source Mercado Libre

Le facétieux « Le fou » (Richard Basehart), rival de Zampano, conduit une légère Fiat 508 Balilla de 1932 qui finira retournée dans un ruisseau à la force des bras de Zampano.

On y aperçoit quelques autos italiennes d’époque comme une Alfa Roméo Berlina de 1951, une Lancia Aprilia de 1937 ou d’antiques Fiat 1100.


Nota : toutes les voitures et motos figurantes sont identifiées grâce à l’excellent site https://www.imcdb.org

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