BMW, vous connaissez ? On va vous parler d’une BMW à 4 roues que pourtant pas grand monde ne connait, même chez BMW. 1255 exemplaires en ont été construits durant une courte période entre septembre 1967 et août 1968. Environ 300 roulent encore aujourd’hui dont seulement une quinzaine en France.
Michel, un Versaillais, en a eu 5 dans divers états qui lui ont servi à en reconstruire une pendant 20 ans ! Nous lui avons demandé de nous parler de cette auto si rare et d’une élégance inhabituelle pour une BMW de cette époque.
Coupé BMW 1600 GT Frua de 1968
C’est un cocktail particulier, nous explique Michel dans son antre secrète de l’Eure où il vient passer ses samedi bichonner ses divers jouets à 2 et 4 roues.
Il s’agit d’une carrosserie coque italienne, dessinée et fabriquée à Turin par Pietro Frua, et transportée en Allemagne pour y recevoir moteur et trains roulants BMW.
A l’origine, cette voiture est née sous la marque allemande Glas. C’était un constructeur de machines agricoles qui s’est lancé dans l’automobile dans les années 50 avec les mémorables petites Goggomobil, une berline 4 portes, et des coupés dont un à moteur 1300 puis 1700 et pont arrière rigide. Ce fut le premier moteur de série avec une distribution à courroie crantée sur un arbre à cames en tête, technique largement généralisée depuis.
Glas a été racheté en 1966 par BMW qui a transformé la structure interne de la voiture pour y monter le moteur-boite et le train arrière à roues indépendantes de la 1600TI, version sport de la BMW 1600. Il s’agit d’un 4 cylindres 8 soupapes à ACT alimenté par 2 carburateurs double corps Solex horizontaux et développant 105 ch DIN. Ce bloc moteur, dénommé M10, a été conçu par l’ingénieur pilote de course, le baron Alex Von Falkenhousen et produit pendant 25 ans à 3,5 millions d’exemplaires dans une multitude de versions de 1500 à 2000 cm3.
Le M12 qui en sera dérivé équipera même la Brabham BT52 championne du monde de Formule 1 en 1983 avec Nelson Piquet, en version 1500 cm3 turbo compressé.
Mais revenons à notre coupé
La voiture a conservé le train avant Glas avec triangles superposés accrochés sur une traverse. Équipée de freins à disque à l’avant, et de tambours à l’arrière, la voiture pèse seulement 960 kg.
Le coupé 1600 GT ne fut pas un grand succès commercial car beaucoup trop chère à l’époque. Elle coûtait le double d’une BMW 1600 TI de même puissance et les gens préféraient acheter des Porsche dont la réputation était bien établie avec déjà de nombreux succès en compétition.
Esthétiquement elle ressemble aux premières 911, coupé 2+2. Les premières Porsche 911 faisaient 110 chevaux, les 912 90 chevaux, alors que celle-ci fait 105 chevaux. Elle était donnée pour 190 km/h chrono. On est donc dans la même catégorie.
Histoire de la voiture
Michel, comment es-tu venu à cette voiture ?
« J’ai eu plusieurs voitures de sport dans ma jeunesse, Mini Cooper S, R8 Gordini, Matra Djet 5S, NSU 1200 TT. Puis j’ai acheté en 1970 ma première BMW, une 1600 TI de 1967 d’occasion, qui était à la fois performante et fiable, contrairement aux autres où il fallait pas mal bricoler. Le coupé 1600 GT est apparu en 1967 et j’ai immédiatement flashé dessus quand plus tard j’en ai vu une qui était d’ailleurs gris polaris comme celle-ci. Pour moi elle représentait la belle mécanique plus la beauté de la ligne italienne. Il me fallait cette voiture un jour, d’autant que j’ai ensuite toujours roulé en BMW 2 portes jusqu’à aujourd’hui : 2002, 2002 TI, T2I, 320i jusqu’à mon dernier coupé de plus de 200 chevaux. »
« Je l’ai acquise en 1980 et c’est un modèle 68. Je l’ai entièrement désossée car à l’époque les autos étaient sensibles à la corrosion. Il n’y a pas un boulon que je n’ai pas touché. J’avais fait un portique permettant d’accrocher la caisse en l’air et de la faire tourner sur elle même à 360° pour accéder confortablement à toutes les parties et traiter notamment les corps creux. J’ai remonté sur cette auto ce que j’avais de mieux comme pièces provenant des autres et j’ai encore de la rechange. Je n’ai pas compté mes heures pendant plus de 20 ans et en faisant tout moi-même j’ai dépensé 15000 euros. »
« Je me suis procuré absolument toute la documentation, revues et articles disponibles et j’ai restauré cette voiture dans un état strictement d’origine, décapant, polissant, revernissant et repeignant dans les teintes d’origine. J’ai restauré un ciel de toit dans le même tissu, agrafé de la même façon. J’ai fait refaire les sièges avec la même teinte et le même grainage que d’origine. »
Magnifique tableau de bord avec toute l’instrumentation permettant de surveiller le moteur ; température et pression d’huile, température d’eau, compte tours… La radio est d’origine mais les voitures n’en étaient équipées qu’en option au coup par coup chez le concessionnaire, de sorte que la position de l’antenne varie d’un modèle à l’autre.
« De même la voiture n’avait pas de ceintures d’origine. J’ai du en trouver qui restent dans l’esprit de l’époque, sans enrouleur ! »
« La seule dérogation que je me suis permis par rapport à l’origine concerne les pneus. Je l’ai montée en 175-70/14 au lieu des 155 d’origine pour plus de sécurité. »
Toutes les 1600 GT sont numérotées à partir de W001001 et celle-ci est la W001527, donc la 527ème produite.
Quel usage en fais-tu aujourd’hui ?
« C’est une voiture de collection. Je participe à diverses manifestations et concentrations de voitures anciennes, en Allemagne, au Mans Classic, aux Grandes Heures Automobile de Monthléry. »
« Sa première sortie en janvier 2014 a été pour l’inauguration d’une nouvelle concession BMW. Même les gens de BMW France ne connaissaient pas ce modèle et étaient stupéfaits ! »
« Elle a été exposée à Retromobile Porte de Versailles en février 2014 et a fait l’objet de différents reportages magazine et télé (Auto-Moto sur TF1). »
Michel fait partie du club Glas allemand et de l’AVAVA à Versailles et vient quelques fois avec au très sélect rassemblement mensuel place de la cathédrale (matin du 1er dimanche du mois).
Questions à Michel
On ne lui demande pas quelles voitures il aimerait avoir, il les a ! Et les montres ?
« je ne suis pas un grand spécialiste des montres. Pour tous les jours je porte une montre siglée BMW ! Sinon j’ai une Baume et Mercier offerte pour mes 30 ans et j’aime les Breitling ! »