Alpine 1600 SC

Alpine 1600 SC

Ralph a été commissaire de piste au Rallye de Monte-Carlo et au Grand Prix de Monaco et quand il avait 18 ans c’était l’âge d’or des Alpine-Renault en championnat du Monde des Rallyes. C’était l’époque du Col du Turini en 3 passages au Rallye de Monte-Carlo et cette voiture l’y a fait rêver. L’âge venant, les enfants volant de leurs propres ailes, il a voulu réaliser son rêve.

Alpine 1600 SC

Il a aujourd’hui 2 Alpine, une A110 GT moderne et cette A110 SC de 1974. Cette auto achetée neuve par un maire précédent de Beaulieu-sur-Mer, n’est jamais sortie des Alpes Maritimes et il en est aujourd’hui le quatrième propriétaire depuis 2024. Il a conduit une profonde remise en état de l’intérieur, le plus proche possible de l’état d’origine, avec ces baquets d’origine Modplastia  et ces harnais 4 points Sabelt (option d’origine). Le reste de l’auto avait été expertisé en parfait état. Seuls les appuie-têtes ne sont pas conformes à l’origine, il  n’y en avait pas à l’époque mais les baquets reprennent le velours et les passepoils bleus d’origine.

Alpine 1600 SC
Photos faites sur le vieux port de Menton avec la Basilique Saint-Michel Archange en arrière-plan

Alpine 1600 SC

Alpine 1600 SC

Cette variante 1600 SC de la célèbre berlinette a été produite dans l’usine Alpine de Dieppe de 1973 à 1975 à 481 exemplaires. Elle est propulsée par un ‘4 cylindres « type 844 » de 1605 cc placé longitudinalement en porte à faux arrière. Il est alimenté par deux carburateurs horizontaux Weber 45 DCOE (option injection pour l’export) et délivrant 140 chevaux SAE, à rapprocher d’un poids de la voiture de 680 kg seulement. Imaginez aujourd’hui avoir 280 chevaux dans une auto aussi basse de 1360 kg et vous aurez une idée de sa vivacité. Le moteur n’avait pourtant que 8 soupapes actionnées par un arbre à cames latéral.

La structure est basée sur un chassis poutre en acier avec des berceaux avant et arrière soudés et une carrosserie en polyester.

Alpine 1600 SC
Photo https://www.lesanciennes.com

Pour cette voiture de petite série et afin de limiter les frais d’homologation et de production, Alpine faisait appel à des productions de grande série : les feux arrière par exemple sont ceux de Renault 8 et les feux de position avant sont ceux d’une Citroën Dyane.

Alpine 1600 SC

Alpine 1600 SC

En 1973, la suspension arrière de la 1600SC reçoit les triangles superposés de l’A310 à la place du train arrière à demi-arbres oscillants. Le nombre d’écrous par roue passe de trois à quatre. Les poignées de portes sont remplacées par des boutons-poussoir et un panneau arrière démontable fournit un accès plus facile au compartiment moteur/boîte de vitesses (source wikipedia).

Ces triangles superposés donnent un nouveau comportement à la voiture, pas forcément apprécié des pilotes qui aimaient les glissades. En effet, comme en témoigne un ancien pilote dans la revue Berlinette Magazine hors série de l’été 2025, la voiture devient plus rigoureuse, glisse moins et fait de meilleurs chronos. Mais elle prévient moins, décroche sans préavis et s’en trouve plus difficile à récupérer ! Aurait-elle acquis un comportement de Porsche 911, sa grande rivale en rallyes ?

Les roues d’origine sont équipées en 165/30 R13, avec des freins à disque sur les 4 roues. Les pare-boues à l’arrière ne sont pas d’origine mais les Alpine en étaient souvent équipées en course pour affronter les routes enneigées.

Alpine 1600 SC

Accès à la partie arrière du moteur :

Alpine 1600 SC

 

Ralph nous montre le panneau arrière rabattable qui permet d’accéder à un cache démontable pour aller dans la partie avant du moteur. Sur les voitures de course, la custode était démontable. Ici le mécanicien devra avoir des talents de contorsionniste ! C’est aussi le seul emplacement possible pour de maigres bagages :

Alpine 1600 SC

 

On voit que toute la sellerie a été soigneusement refaite, avec ces magnifiques sièges baquets. On est vraiment dans une voiture de course  :

Alpine 1600 SC

 

Alpine 1600 SC

Alpine 1600 SC

Alpine 1600 SC

Volant tulipé, jolie instrumentation Veglia cerclée de chrome avec la pression d’huile, charge batterie et température d’huile dans l’axe du pilote. La température d’eau est dans le compte-tours et la jauge à essence dans le compteur de vitesse :

Alpine 1600 SC

Le compartiment avant renferme le réservoir (45 litres), la roue de secours et la batterie en dessous :

Alpine 1600 SC


Un peu d’histoire

La voiture a été développée par Jean Rédélé, un dieppois pilote et concepteur, fils de garagiste mais diplômé HEC. Celui-ci  a commencé à s’illustrer en compétition sur des Renault 4CV préparées et a fait ses meilleures courses dans les Alpes, d’où le surnom Alpine qu’il a donné à la marque qu’il a créé en 1955 pour fabriquer des voitures de sport. L’Alpine A110 est fabriquée à Dieppe de 1962 à 1977 dans différentes versions de 956 à 1800 cc. Elle a remporté le Championnat International des Marques en 1971 et le Championnat du Monde des Rallyes nouvellement créé en 1973. Jean-Luc Thérier, Jean-Claude Andruet, Bernard Darniche, et Jean-Pierre Nicolas seront les pilotes français de ces succès comprenant de nombreuses victoires, auxquels il convient d’ajouter le suédois Ove Andersson (4 victoires en 1971 au Championnat international des Marques) : Monte-Carlo, Acropole, San Remo, Maroc, Tour de Corse, Lyon-Charbonnières, Portugal… l’Alpine s’est illustrée sur tous les terrains. Et on ne compte plus les victoires remportées par les pilotes amateurs dans les championnats nationaux.

Alpine A110
Jean-Luc Thérier, vainqueur au San Remo en 1973, photo wikipedia

Quel avenir pour Alpine ?

La première berlinette A110 a été produite à Dieppe à plus de 7500 exemplaires entre 1962 et 1977. Après une très longue éclipse, peu marquée par la production de l’A310, Alpine devenue propriété de Renault a présenté une nouvelle berlinette A110 en 2017, commercialisée à partir de 2018. Elle reprend les formes et codes de l’originale, en plus gros, avec cette fois un moteur transversal en position centrale.

Alpine A110S3 jours en Alpine A110S en 2022

Alpine a été associé à la Formule 1 avec des monoplaces remplaçant les Renault en championnat du monde F1 depuis 2021. Le team ne compte qu’une seule victoire avec le français Esteban Ocon au Grand Prix de Hongrie 2021. On n’oubliera pas non plus la victoire Alpine aux 24H du Mans 1978, propulsée par un V6 2 litres turbo. Il y eut aussi les victoires à l’indice de rendement énergétique aux 24H du Mans, qui récompensait des voitures légères, peu puissantes, consommant peu mais rapides.

Hélas, l’écurie Alpine de Formule 1 a connu de nombreux problèmes de gouvernance et ce n’est pas l’arrivée du sulfureux italien Flavio Briatore qui a changé les choses, Alpine plongeant cette année à la dernière place du championnat. Pire, ils  ferment l’usine de moteurs de Viry-Chatillon, perdant un inestimable savoir-faire. Les Alpine F1 2026 seront propulsées par des moteurs … Mercedes, dans une logique commerciale et d’investisseurs peu scrupuleux qui n’hésiteront pas à revendre l’écurie à une marque de lessive, de boisson ou de hamburgers pour prendre leurs bénéfices ! Ainsi va la Formule 1 désormais.

En championnat du Monde d’endurance WEC, Alpine n’est que 6ème en 2025 avec toutefois une victoire aux 6 Heures du Mont Fuji au Japon, acquise sur un coup de stratégie.

En voitures de série, Alpine voit hélas l’avenir en 100% électrique ce qui n’intéresse pas grand monde, alors que Benedetto Vigna, Directeur Général de Ferrari, prévoit une gamme Ferrari 2030 à 40% thermique, 40% hybride et 20% seulement tout électrique (source Sport-Auto novembre 2025) … Eh oui, il n’y a qu’en France, tout petit pays d’Europe de l’Ouest, qu’il existe une taxe carbone sur les voitures !

Qui vivra verra, mais en attendant, il nous faut profiter d’aussi belles autos que cette Alpine 1600 SC !

Alpine 1600 SC