Notre Dame de Laghet dans les environs de Nice est un sanctuaire dédié à la Vierge Marie où les gens viennent la remercier pour des guérisons miraculeuses, y compris après des accidents de voiture, comme en témoignent certains tableaux exposés !
Pour moi, le miracle s’est produit sur le parking du domaine où j’ai découvert une Triumph TR3 immaculée et illuminée par la lumière du ciel, sous un soleil éclatant,
Je n’ai finalement pas été autorisé à raconter l’histoire de cette voiture et à vous la présenter mais Notre Dame de Laghet doit veiller sur moi car quelques jours plus tard, je fais la connaissance de Laurent à l’Automobile Club de Menton qui possède lui aussi une TR3B de 1962 !
Celle-ci est aussi dans un état collection impeccable, de couleur Powder Blue d’origine. C’est donc une TR3B de 1962 qui vient des USA car toutes les TR3B avaient été faites pour les USA avec le moteur de la TR4. La lignée de la TR3 plaisait beaucoup aux USA qui ne voulaient pas de la TR4.
Laurent, raconte-moi l’histoire de cette voiture.
« Je l’ai trouvée aux USA à l’état d’épave via un intermédiaire, il y a 6 ou 7 ans, pour 16000 € et elle a été entièrement refaite ici par un carrossier à temps perdu. »
Elle venait d’où aux USA, le chassis était sain ?
« Oui, elle était saine mais on a tout sorti et tout sablé, tout mis à nu avant de la remonter. »
Elle a combien de km ?
« Depuis qu’elle a été refaite elle en est à 2300 miles. Mais j’ignore tout de sa vie antérieure. »
Pourquoi as-tu choisi ce modèle ?
« Parce que elle plaisait à ma femme. Moi je ne suis pas du tout Triumph, pas du tout anglaises, je suis 100% italiennes. Pour moi les voitures c’est Alfa Roméo, Lancia. Mon épouse n’est pas voiture du tout et j’ai du mal à l’emmener. Un jour sur une expo statique elle voit une TR3 et elle lui plait, alors j’en ai cherché une pour pouvoir l’emmener plus souvent. »
NDLR : les hommes aiment les voitures mais ce sont souvent les femmes qui les choisissent !
« C’est une voiture marrante à conduire, elle a du punch avec le moteur de la TR4 2,2 litres, la boite synchro, le faible poids. Elle est très rustique mais sympa à conduire. »
Pour avoir suivi Laurent sur les routes de montagne au milieu d’une meute de Porsche récentes, je peux confirmer que la voiture marche fort et saute facilement d’un virage à l’autre sans roulis. Nous roulions tous décapotés et là par contre les turbulences étaient vives dans l’habitacle, loin de la quiétude des intérieurs récents passés en soufflerie.
La voiture est strictement conforme à l’origine avec ses carburateurs S.U., ses roues d’origine, et la peinture et la sellerie ont été refaites exactement dans les teintes d’origine Powder Blue.
Curieusement, le frein à main est côté passager … Pour que le copilote aide à l’entrée des épingles ou pour que madame freine les ardeurs de son pilote ?
Elle est propulsée par un moteur 4 cylindres en ligne de 2,2 litres d’environ 110 chevaux, avec boite 4 vitesses synchronisées de la TR4, sans overdrive.
Les suspensions avant sont triangulées à roues indépendantes et l’arrière repose sur des ressorts à lames avec un pont rigide. Freins à disque à l’avant, tambours à l’arrière. Direction non assistée à crémaillère d’origine.
Les pneus sont ici des Trisun radiaux tubeless pour voitures de collection, des 165SR15 sur jantes d’origine avec de très jolis enjoliveurs Triumph.
Il n’y a pas de capote là, tu la démontes complètement ?
« Oui mais c’est comme ça d’origine car tu mets un arceau et tu poses ensuite la capote sur l’arceau. On peut laisser l’arceau mais c’est moins joli. Et on range tout dans le coffre. Les glaces de porte aussi sont amovibles. »
Je me suis assis aux commandes. Les portières sont toutes petites et on est vraiment au ras du sol, ce qui décuple l’impression de vitesse cheveux au vent. La fixation du volant et de la colonne de direction ont l’air un peu approximatives. L’instrumentation est assez complète. C’est la commande de clignotants qui est au moyeu du volant.
À noter qu’il est possible de remplacer les carburateurs S.U. d’origine par des Weber double corps 45 plus fiables et performants, comme ci-dessous, mais Laurent me dit ne pas avoir de souci avec les siens.
TR3A et TR3B
La Triumph TR3 est une icône des années 50 et a été produite de 1955 à 1957 seulement à plus de 13000 exemplaires.
La TR3B est une rare évolution de la TR3, alors que Triumph était passé à la TR4 et avait arrêté la TR3 depuis plusieurs années. Elle a été produite en 1962 à environ 3000 exemplaires (les estimations des sites spécialisés varient). Elle reçoit le moteur de la TR4 de 2138 cc et 105 chevaux et sa boite synchronisée. Donnée pour 170 km/h avec un poids de 955 kg. 3,84 m de long pour 1,41 m de large seulement. C’était donc une petite bombe pour l’époque.
Selon les excellents sites du Triumph Club de France et de RD Racing Collection Privée c’est sous la pression des revendeurs Triumph aux USA, que la société Forward Radiator Co Ltd, filiale de Standard Triumph Ltd, produisit ces TR3B à partir de caisses restantes et d’outillages récupérés chez le carrossier Mulliner, la TR3 n’étant plus produite depuis 1957.
Tous les modèles ont été montés avec conduite à gauche, car revendus essentiellement en Amérique du nord. Celle-ci numérotée TCF857L est une des dernières fabriquées et bénéficie d’une direction à crémaillère nécessitant une voie avant augmentée et des ailes avant plus volumineuses.
Cette auto est donc une extrême rareté en France et c’est bien un double miracle d’en ‘avoir trouvée une dans un trou perdu d’une vallée profonde de l’arrière pays niçois, puis une deuxième quelques jours plus tard à quelques kilomètres.
Retrouvez une TR3 dans le film La Dolce Vita de Federico Fellini avec Marcello Mastroiani au volant et la sublime Anita Ekberg, dans une ambiance des plus italiennes :
On demande toujours dans ce blog ce que porte comme montre l’heureux propriétaire des joyaux présentés :
« Pas de montre … hormis mon horloge biologique ! »
