Du temps où je jouais aux petites voitures, je me souviens de la fascination particulière que j’avais pour deux modèles américains au 1/43ème, la Buick Roadmaster et la Plymouth Belvedere de chez Dinky Toys. Cette Buick, réplique d’une Riviera Sedan de 1953, mon année de naissance, je l’ai encore, qui aurait bien besoin d’une restauration !
Cette fascination pour les voitures et la culture américaine en général, s’est affinée avec la découverte des courses NASCAR, puis a été bercée entre autres par Danny Zuko, le chef de bande des T-Birds et sa Mercury flammée décapotable dans le film Grease (1978). Plusieurs voyages aux US, où je roule en Ford Mustang ou en Chevrolet Camaro, l’ont encore renforcée.
Je suis donc tombé en arrêt, dans une de ces innombrables expos d’art de banlieue sans prétention, devant ces compositions lumineuses de Bruno Atamian, un artiste peintre hyperréaliste de Vélizy.
Tout y est dans le travail de Bruno, et tient parfois dans un seul tableau : la station service, le motel, les gratte-ciels, les entrées de salles de spectacle, les autos et motos, la famille américaine avec son chien, les personnages en général. Bruno pratique un style qui fait immédiatement penser aux compositions du spécialiste américain du genre, Edward Hopper (1882-1967), ou encore aux œuvres du prolifique contemporain écossais Jack Vettriano (67 ans aujourd’hui).
Comparez ce célèbre tableau de 1942 de Edward Hopper, Nighthawks (à gauche), avec cette oeuvre de Bruno :
Ou cette composition de Jack Vettriano, Night in The City (à gauche), avec une de Bruno :
« Dans ce genre de composition, je souhaite que chacun puisse imaginer l’histoire qui va avec, et qui n’est pas forcément celle sur laquelle j’ai travaillé. »
J’ai donc demandé à Bruno Atamian l’origine de son inspiration.
Bruno a dessiné très tôt à l’école, c’était sa meilleure matière ! Il voulait faire de la pub et de la BD mais ses parents l’ont orienté vers le dessin d’architecture afin qu’il ait « un vrai métier », à une époque où l’informatique n’existait pas (il est né en 1961) et où on dessinait donc à la main, au crayon, à l’équerre, au Té…
Dans l’architecture, ce qui intéressait le plus Bruno, c’étaient les rendus réalistes en perspective, pas la résistance des matériaux !
Bruno a toujours trouvé dans les différentes sociétés où il a travaillé l’opportunité de dessiner. Dans une carrière musicale parallèle, il a même illustré des pochettes de disques.
Progressivement il n’a plus travaillé qu’à temps partiel de plus en plus réduit pour se consacrer à son art. Depuis 2012 il ne vit que de son art et l’enseigne aussi en donnant des cours à l’Association des Artistes du Chesnay, qui regroupe 700 adhérents.
Depuis toujours Bruno a été attiré par l’hyperréalisme, sous l’influence du peintre et illustrateur Jacques Poirier (1928-2002), ou de Nadine Leprince, peintre du trompe-l’oeil. Il aime les clairs-obscurs, les jeux de lumières et d’ombres, les scènes de vie que chacun peut interpréter à sa façon.
« Et bien sûr Edward Hopper a été pour moi un vrai point de départ. Hopper est toutefois moins coloré et traduit des situations parfois angoissantes entre des personnages tristes ou inquiets. »
Bruno partage le goût des cubains pour les américaines des années 60, même si à Cuba, ce fut d’abord par nécessité, avant d’en faire un argument touristique !
Bruno sait retranscrire l’ambiance des salles de spectacle, « diners » et autres « drive-ins » typiques américains de ces années là :
comme des situations plus intimistes, que là encore, chacun peut interpréter à sa manière :
Bruno, qui n’a pourtant pas encore été aux USA, travaille aussi beaucoup sur commande à partir de photos ramenées par ses clients qui lui demandent d’interpréter ou de réinterpréter une scène avec leur propre voiture par exemple.
Une belle découverte, merci à Bruno pour le temps qu’il m’a accordé.
Questions à Bruno
Quelle voiture aimeriez-vous posséder ?
« Une 2CV ancienne ! Il y a beaucoup de voitures françaises anciennes que j’aime, la Traction, la Simca Chambord, la 403, mais une 2CV m’irait très bien. »
Et les montres ?
« Je n’ai pas de goût particulier, je n’en porte pas, si ce n’est les montres à gousset que j’ai représentées sur des natures mortes. »