Cela faisait quelque temps déjà, que le désir d’un daily driver me trottait dans la tête. Une ancienne pour tous les jours, c’est l’occasion de faire perdurer ce qui a été accompli autrefois avec goût et qualité. La trentaine à peine passée, c’en était déjà trop ! Des années à conduire des voitures aseptisées, sans bruit et sans odeur, m’ont convaincu de trouver la perle rare qui me ferait craquer et laisserait le SUV au placard pour finalement ne le sortir que sur autoroute. Les airbags, ça reste rassurant. 

Puis dans une ère où l’on essaye au maximum de rendre les voitures ”connectées”, quoi de mieux que de rouler en ancienne ? Car oui, je n’ai jamais été plus connecté que dans une voiture de 30 ans d’âge, connecté à la route, aux sons, aux odeurs… Pas besoin de bluetooth, c’est le naturel qui fait le nécessaire pour vous.

De mon point de vue, il existe une mince nuance entre Daily et voiture de collection même si cela peut se rejoindre. Libre à chacun de rouler tous les jours dans la voiture qu’il souhaite mais ici j’entends par Daily, une voiture de plus de 30 ans, financièrement accessible, parfois le prix d’une clio oui oui ! et surtout assez fiable et robuste pour un usage fréquent, voire quotidien. 

Tout naturellement, mes premières recherches se portaient sur Mercedes qui rassemble à peu près tous les critères ci-dessus, et je scrutais les annonces de 250 CE, 280 SLC et j’en passe… Tout ça c’était avant que je n’essaye par hasard ceci !

BMW E12 528i, couleur Kashmir Beige Metallic

Lors d’une balade organisée entre amis en Vallée de Chevreuse, où l’on s’amusait à s’échanger nos bolides et tout juste après avoir essayé très timidement, une Porsche 911 T 2.0 Chassis Court, expertisée à plus d’une centaine de milliers d’euros, je me retrouvais à bord de cette très confortable BMW E12 528i. Toute comparaison est inutile bien entendu entre ces deux voitures et je reste d’ailleurs un adepte des 911, mais entre le contraste que j’ai pu ressentir à ce moment là, celui-la même que j’essaye de vous faire partager à l’instant, associé à mes envies de daily driver, tout à fait sens en quelques secondes. 

Lors du rassemblement hebdomadaire, Place Vauban à Paris

Curieusement c’est d’abord l’habitacle et l’intérieur du véhicule qui m’ont séduit. On est vite immergé dans ce qu’était le luxe des berlines allemandes des années 1980. Sièges… Fauteuils cuir pardon, confortables à souhait, inserts bois sur le tableau de bord, intérieurs de portes en cuir perforé, l’imposante console centrale… On pourrait se croire dans un salon et on aimerait presque commander un verre de single malt whisky, mais les compteurs nous rappellent tout de même que l’on se trouve dans une voiture et qu’il y a un moteur a démarrer. 

Pour l’ouverture des portes, c’est simple et c’est comme avec un révolver, on empoigne la crosse et on tire sur la gâchette avec son index
Moteur BMW M30 © 6enligne.net

Vroum, C’est fait ! On entend bien le 6 cylindres en ligne dès le démarrage et ce n’est pas pour me déplaire. La 528i est équipée du fameux M30 2l8, bloc très fiable et réputé increvable. On en voit très souvent qui taquinent aisément les 300 000 km et plus. Un bon argument. Le moteur développe 184 chevaux ce qui n’est pas négligeable et rappelle que BMW excelle dans l’art de produire des berlines qui allient à la fois luxe et confort, avec puissance et sportivité. Encore un bon argument.

 

 

 

Les premiers tours de roues confirment immédiatement le confort perçu dans l’habitacle. On avalerait des kilomètres sans peine et comme me le dit à ce moment là le propriétaire du véhicule : Dans ces voitures là, on cruise !  Pas faux, on cruise tellement que je me suis vu quelques fois corriger la direction pour garder le cap, comme on le fait à la barre d’un bateau. Mais effectivement on cruise, car dans ces voitures on prend plaisir mais surtout on prend le temps de conduire. Il n’est pas question ici de chercher à savoir si cette berline de 5 portes sait se mettre en travers (bon elle sait le faire…) mais plutôt de rouler confortablement, de profiter du panorama XXL que proposent les larges vitrages (comme on le retrouve très difficilement sur les voitures d’aujourd’hui avec des montants toujours plus larges) tout en ayant le loisir de taper dans le 6 cylindres d’un coup de pédale afin de se débarrasser facilement d’un véhicule potentiellement trop lent.

BMW 528i Gris Polaris au premier plan

Enfin, il y a ce design, avec cette face avant singulière et ce Shark nose à l’inverse des lignes standard de tout autre véhicule. Ces fameux phares ronds et le haricot sur la calandre qui provoque un décroché sur le capot pour plus d’agressivité. Les 2 lignes continues apposées sur presque toute la largeur du véhicule en rappel à la sportivité de la berline mais aussi à la couleur de l’intérieur de l’habitacle. Ces jantes, ces chromes…Oui, j’étais sous le charme…

Shark nose

Un peu d’Histoire

Ancienne publicité BMW E12

La E12 est la première “Série 5” de BMW, exclusivement en 5 portes et produites entre 1972 et 1981. C’est aussi la première “Série” de BMW qui cherchait à cette époque à catégoriser sa gamme pour mieux situer les univers souhaités. Comme on le sait parfaitement aujourd’hui, une “Série” permet d’identifier le modèle de BMW qui peut être ensuite décliné en plusieurs motorisations.

La E12 est également née d’un coup de crayon, signé Paul Bracq, célèbre designer automobile français, alors directeur du design chez BMW entre 1970 et 1974.

La 528i n’est apparue qu’en 1977 avec l’intégration du 6 cylindres en ligne, 177 chevaux et la promesse de dépasser les 200 km/h ! L’année suivante la motorisation passe même à 184 chevaux. 

Forte de son succès, la E12 a été commercialisée dans le monde entier, Portugal, États-Unis, Japon, Afrique du Sud… et c’est au final plus de 700 000 exemplaires qui ont été vendus. Pourtant, aujourd’hui la E12 reste plutôt rare en France. Nombreuses ont fini par s’épuiser avec de forts kilométrages ou rongées par la rouille.

En 1981, la nouvelle génération arrive et la E12 est remplacée par la E28 qui reprend très majoritairement le design de sa grande sœur.

Mesrine

Difficile de ne pas ouvrir la parenthèse Jacques Mesrine, criminel français et ennemi public n°1,  tant le E12 fut sous le feu des projecteurs et des balles à la suite de son arrestation le 2 novembre 1979 où il est abattu dans sa 528i à la Porte de Clignancourt.

Il est vrai que la E12 représentait alors l’outil idéal pour tous les gangsters de cette génération. C’est d’abord un large et grand coffre pour charger les gros sacs et les fusils, c’est ensuite une berline avec 4 portes, plus pratique pour faire grimper les associés de la bande, et enfin une motorisation pour prendre la fuite et filer au repère ou l’on passera la nuit.  

La 528i de Jacques Mesrine, Porte de Clignancourt

Les E12 au Cinéma 

La 7ème Cible 

Dans le film, La 7ème cible de Claude Pinoteau avec Lino Ventura, vous pourrez voir une E12 se faire cribler de balles et finir sa course poursuite en tonneaux sur les quais de Seine. Visible sur la bande annonce :


à 1’30  sur la voie express rive droite …
Derrick

La E12 c’était aussi la voiture de Stephan Derrick et Harry Klein dans les premières saisons de la Série. 

Les Compères 

Dans le film, Les Compères de Francis Veber avec Gérard Depardieu et Pierre Richard, la E12 est visible à plusieurs reprises tout au long du film.


à 3’41, « elle est belle cette voiture »

A Paris…